vendredi 16 décembre 2016

Osez le traumatisme...



Que la France profonde s'imprègne bien de cette photo, car à en écouter le nouvel ordre moral, elle finira par rejoindre les archives. Celles d'un pays jugé décadent ou régneraient encore quelques subsides de ce bon vieux machisme franchouillard, vestiges honteux de cette société révolue qui doit laisser place à ce fameux "progressisme" dont on nous rebat les oreilles quotidiennement.

Et pour ouvrir les consciences, les sentinelles de la pensée lumineuse ne manquent pas.
Chez "Osez le féminisme", on veille au grain. Pas question de laisser passer la moindre entorse à la condition des femmes. Toutes les femmes nous dit-on.
On veut bien.
Les soldates de cette association ont donc jeté leur dévolu sur ce nid de la dégradation féminine qu'est le comité Miss France, et sur TF1, ce nauséabond média qui n'aurait que foutre du beau sexe au point d'en diffuser la messe annuelle en prime-time.

Remontée comme une pendule à 13 coups, voilà ce qu'en dit sa rédemptrice en chef Claire Serre-Combe:
 "Il est très curieux qu'en 2016, on éprouve encore le besoin de mettre en concurrence des femmes non pas sur des critères intellectuels ou de mérites, mais sur des critères purement physiques."
Ou encore:
"Le plus problématique est que le concours Miss France, ultra médiatisé, impose des stéréotypes physiques irréels, sans compter le culte de la pureté avec des concurrentes sans petits amis. Cette mise en concurrence à une heure de grande écoute, entraîne beaucoup de souffrance pour d'autres femmes qui ne font pas 1,75 m pour 50 kilos."

Inquiétant non ?
Donc selon elle, dès lundi nous serions au devant d'un déferlement sans précédent de nanas traumatisées d'1,60 m et 65 kilos aux portes de nos hôpitaux, se vidant de leur sang par le bras, ou l'estomac farci à la plaquette de Valium.

Alors elles arpentent les plateaux télé et radio nos militantes, la morale en bandoulière façon guérilleros, fustigeant ici et là cette indestructible femme pingouin qui fut des années durant l'organisatrice du bordel, conspuant sa nouvelle rabatteuse, et vomissant les maquereaux médiatiques qui vont relever les compteurs de ce proxénétisme par la mensuration. Objectif: faire rendre gorge à ces ringards d'un autre age, et fi des quelques 4,5 millions de téléspectateurs de cette France jugée rétrograde qui, samedi soir, seront rivés devant leurs écrans verrouillés sur TF1.
Rien que ça.
Personnellement, l'élection de Miss France je m'en tape les roustons avec une spatule à raclette, et si demain ça disparaissait de mon paysage audio-visuel, il est clair que je n'irais pas me sectionner l'artère fémorale avec le couteau à pain.
Mais là pour le coup, il y a sérieusement de quoi s'interroger sur les cibles de ces féministes exaltées. N'y a t-il pas dans notre pays d'autres chats à fouetter question condition féminine ?

A commencer par les Laguerfeld, Gaultier, Lacroix et autres Mugler, sommités virevoltantes de la fripe à bourgeois parisiens pleins aux as, qui depuis des décennies exigent de leur mannequins qu'ils cessent de s'alimenter au point d'en faire des pantins décharnés aux yeux morts.

Ces bobos à paillettes et leurs exhibitions ultra médiatisées de "femmes cintres" ne sont visiblement pas assez "maltraitants" pour les activistes d'Osez le féminisme, qui se gardent bien d'aller les interpeller aux portes des défilés pour leur jeter à la gueule leurs indignations. 
Dans ce contexte, il est inutile d'espérer de ces "chiennes de garde" qu'elles ne se fassent entendre pour des cas de ségrégation féminine autrement plus graves. Ne comptez donc pas sur elles pour aller bouffer du micro chez les journalistes et s'insurger, par exemple, de l’apartheid infligé aux femmes des quartiers de Sevran (et d'ailleurs...) par la population masculine arabo-musulmane, et notamment les patrons de bar qui les abaissent au rang de merdes indésirables dans leurs établissements.
Comme ici:  

           

Vous me direz, pourquoi se battre contre un phénomène que nos dirigeants eux-mêmes continuent de ne pas regarder en face ? Pourquoi se mobiliser contre quelque chose qui n'existe pas ?...
C'est toute la question.
L'élection de Miss France, ça, ça existe. C'est du concret. Du visible...
Alors chez "Osez le féminisme", on a choisi. On préfère se boucher le nez au nom des discriminations faites aux femmes pour 30 greluches qu'on fait défiler en calebard une fois par an, plutôt que de dénoncer ces bars de banlieue ou règne la loi du bled. Que les femmes de ces cités soient humiliées quotidiennement par des mâles piqués à la charia qui les assimilent à de simples clébards, n'est finalement qu'une atteinte secondaire à leurs droits...
De manière plus triviale, il est plus facile en effet d'aller s'offusquer dans les studios douillets de TF1, France 2 ou RMC, que d'aller d'insurger sur le zinc du PMU de Mouloud ou de Moktar chez qui l'accueil se fera à coup de babouche dans le cul jusqu'au trottoir. Ce trottoir qui  semble être le seul espace fréquentable que les femmes de ses zones urbaines dénaturées soient (encore) autorisées à arpenter.

Alors haro sur Miss France. Ça au moins, ça mange pas de pain, ça mobilise, et ça ne peut déranger qu'une population qu'on peut stigmatiser à l'infini sans risque d'être taxé de xénophobe. Celle qu'il est devenu normal de considérer comme un ramassis de franchouillards arqueboutés sur leurs traditionalismes ringards.

Eh oui, à "Osez le féminisme", on ose aussi l'hypocrisie crasse.
Si je me laissais aller à la grossièreté, je les qualifierais bien de connasses.
La retenue m'en empêchera.
Mais au prix d'un effort conséquent...

Eric.



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